UNEPREF

Union nationale des Églises protestantes réformées évangéliques de France

Moments d’encouragement – Février 2025

Êtes-vous sage ?

J’ai comme l’impression que la sagesse est une vertu quelque peu oubliée dans la spiritualité évangélique contemporaine. On est exhorté – à juste titre – à la foi, à l’amour, à la justice, à l’engagement, à la persévérance… Mais est-on exhorté à la sagesse ? Peut-être que si cette dernière ne paraît pas dans le top 10 des sujets de prédication ou bien dans les aspirations primordiales du croyant qui veut suivre son Seigneur, c’est peut-être qu’au fond cela peut paraître assez naturel, ne relevant pas vraiment de la marche vers la sainteté.

Et puis il y a tous ces fameux passages, dans les deux premiers chapitres de la première lettre aux Corinthiens où Paul fustige la sagesse humaine, incapable de connaître Dieu et qui s’oppose même à la réception de la foi. Certains chrétiens en sont tellement marqués que dans bien des situations, une parole de sagesse leur apparaîtra comme un manque de foi. Mais dans ce même chapitre II, l’apôtre dira que lui, prêche « la sagesse de Dieu ». Et plus loin dans la lettre, il mentionnera même la parole de sagesse comme un don de l’Esprit.

Il y a donc bien deux sagesses. Elles ne sont pas étanches l’une vis-à-vis de l’autre dans leur fonctionnement. En effet, elles font toutes deux appel à l’expérience et au raisonnement. Mais là où elles se séparent radicalement, c’est dans leur présupposé qui est de nature religieuse. Pour la Bible, « la crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse », alors que dans la sagesse humaine, il n’y a plus de transcendance, l’homme est enfermé sur lui-même. Par conséquent, la sagesse selon Dieu poursuit une finalité différente ; certes, elle prend en compte la question du bien-être sur cette terre (ce qui est l’essence de toute sagesse), mais elle le fait dans la perspective de la Rédemption.

Cette sagesse selon Dieu, qui est grandement magnifiée dans le livre des Proverbes, vient d’en haut, puisqu’elle est liée à la foi et à la vie dans l’Esprit, mais elle s’acquiert en même temps par l’expérience. Deux versets de la lettre aux Hébreux sont, à cet égard, particulièrement intéressants.

« Quiconque en est encore au lait, ne peut suivre un raisonnement sur ce qui est juste, car c’est un bébé. Les adultes, par contre, prennent de la nourriture solide, eux qui, par la pratique, ont les sens exercés à discerner ce qui est bon et ce qui est mauvais. »

L’auteur de la lettre déplore que beaucoup de ses correspondants n’aient pas fait de progrès, eux qui sont chrétiens depuis longtemps. Et le résultat, c’est qu’ils sont incapables d’exercer cette sagesse d’en haut, incapables de « discerner ce qui est bon et ce qui est mauvais ». Incapables donc de mener une vie chrétienne digne de ce nom. Car vivre en Christ, ce n’est pas simplement appliquer quelques règles morales, c’est surtout savoir comment les appliquer dans l’écheveau complexe de la vie. Cela s’apprend. Pas seulement par le nombre des années, mais parce qu’on aura laissé, au fil des jours, ses sens (relevez le mot), être conduits par Dieu, avec ce désir d’acquérir cette sagesse qui est « une source de vie » (Pr 16, 22).

On le voit : la chose est très importante… et méritait bien une petite méditation !

 

Daniel BERGESE

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