
Déclaration de foi
Déclarations diverses
Déclaration de l'UNEPREF contre les violences, adoptée au synode de Rodez en 2023
Le synode de l’UNEPREF, tenu à Rodez les 13 au 14 mai 2023, adopte le document suivant, intitulé Déclaration d’intention des églises de l’UNEPREF pour une Église plus sûre ; prévention et lutte contre les violences à caractère sexiste, conjugal et spirituel, comme déclaration.
De tout temps les institutions, chrétiennes ou non, ont eu tendance à fermer les yeux sur les violences, quelles qu’elles soient. Les raisons sont nombreuses à cela et nos Églises ne sont pas à l’abri de cette tentation, motivée par la peur du scandale, la méconnaissance des effets que cela produit sur la victime, la croyance que maintenir le secret permet de garder la paix… La mauvaise compréhension des mécanismes en œuvre et des actions possibles, voire la peur de mal faire, sont aussi un frein important à l’action. D’ailleurs, la révélation d’un fait de violence, qui est un péché, semble sur le moment créer plus de souffrance que d’apaisement. Et des actions menées avec précipitation sous le coup de l’émotion peuvent effectivement être délétères.

Pour autant, nous voulons croire que le parcours vers une Église plus sûre est possible et souhaitable. Avec humilité et grâce au secours de l’Esprit-Saint, nous voulons nous donner les moyens de ce cheminement.
« L’amour ne se réjouit pas du mal, il se réjouit de la vérité. » 1 Co 13, 6
Lorsqu’une personne subit des violences, elle est meurtrie profondément au niveau physique, psychologique et spirituel. Ces blessures peuvent être cruelles sans être visibles ; elles peuvent briser sans que personne ne le perçoive, ou pire, être connues sans que cela n’entraîne de réaction. Les victimes peuvent se figer, s’isoler et avancer dans la vie en traînant un fardeau trop lourd. Cette situation les impacte elles, mais aussi l’entourage et les générations futures. Elles portent bien souvent une grande culpabilité qui les pousse à se considérer indignes de l’amour des autres et de Dieu.
Que peuvent faire nos Églises pour soutenir et encourager les victimes, pour leur manifester la grâce de Dieu et les bienfaits de son immense amour ?
Nous, Églises de l’UNEPREF, souhaitons briser le tabou qui entoure les faits de violence. Le silence permet aux violences de perdurer et constitue un traumatisme supplémentaire pour les victimes. Nous affirmons que les violences qu’elles ont subies sont inacceptables devant Dieu, qui ne se « réjouit pas du mal ». Nous voulons leur garantir notre écoute et favoriser la mise en lumière des violences sans dissimuler : « L’amour se réjouit de la vérité. » La réflexion concernant les personnes à informer et la manière de le faire sera menée avec sagesse ; la mise en lumière n’exclut pas le respect d’une juste confidentialité.
« En toute circonstance il fait face… » 1 Co 13, 7
Le synode de notre union engage nos communautés à faire face à ces situations en les encourageant à se positionner selon trois axes : prévenir, accompagner, agir.
Prévenir : informer et sensibiliser
La prévention des violences passe par l’éducation des jeunes générations à une vie relationnelle affective et sexuelle selon les principes bibliques, dont celui de l’absence de domination et de prise de pouvoir sur l’autre.
Elle est également favorisée par un juste enseignement biblique pour tous sur ces questions. Nommer ce que les relations sont censées être selon Dieu permet de poser des bases saines pour penser ses relations à l’autre, et donne des outils pour identifier des situations de violence. Les victimes peuvent réaliser, en entendant ces enseignements, que ce qu’elles vivent ou ont vécu, n’est pas normal.
Enfin, vivre sa vocation commence par un juste discernement de la place de chacun dans la communauté. De ce fait, la prévention des violences implique de choisir avec attention les candidats au ministère, aux responsabilités dans l’Église et à l’encadrement des enfants et des jeunes.
Accompagner les victimes :
Il est parfois si difficile de penser l’impensable, qu’un réflexe de protection peut nous empêcher de recevoir pleinement la parole confiée. Beaucoup de victimes relatent avoir reçu des discours suspicieux ou culpabilisants qui ont aggravé leur souffrance. D’autres ont été poussées au silence pour ne pas faire de vague. L’accompagnement des personnes victimes de violences nécessite de prendre le temps de les écouter avec attention, de recueillir les mots qui décrivent leur souffrance et de savoir définir avec elles les actes subis. Ce recueil permettra d’évaluer la situation et de définir les priorités. Nous sommes ensuite appelés à cheminer avec celles et ceux qui sont blessés, à les soutenir dans le combat qu’ils mènent pour reprendre goût à la vie, affermir leur relation avec Dieu, refaire confiance aux chrétiens et trouver leur place dans l’Église .
Écouter une victime de violences nécessite de la sagesse et la conscience de nos propres faiblesses et limites. Le travail en réseau est précieux et le recours à des professionnels formés souvent indispensable.
Dans les rares cas où la victime n’est pas en mesure de se protéger elle-même (mineur, personne vulnérable), nous encouragerons un signalement systématique. Dans toutes les autres situations, nous voulons respecter son rythme et ses décisions afin d’éviter de commettre une nouvelle domination en pensant à sa place : ses besoins sont la préoccupation centrale de notre démarche.
Agir pour rendre l’Église plus sûre :
Il est difficile de reconnaître que si des victimes se trouvent parmi nous, des auteurs de violences s’y trouvent aussi. Apprenons à refuser, dénoncer et nous opposer à toute attitude qui humilie, méprise et détourne les enseignements bibliques pour dominer une personne, contrôler une situation par la violence ou justifier une attitude violente. Ces comportements relèvent du péché et restent inacceptables, même lorsque l’auteur a été lui-même victime de violences dans le passé. Tout en distinguant le péché du pécheur, des décisions difficiles sont parfois nécessaires, surtout s’il s’agit d’une personne proche et/ou en position d’autorité. Le positionnement vis-à-vis des auteurs de violences sera au carrefour entre la recherche de la repentance, la lucidité face aux problématiques complexes qui ne se résoudront pas facilement ni sans accompagnement spécialisé, l’exercice de la discipline d’Église, voire le recours aux autorités judiciaires.
Préserver l’Église, c’est aussi prendre en compte l’impact global d’un fait de violence sur l’ensemble des personnes concernées de près ou de loin : la famille de la victime, mais aussi celle de l’auteur des faits de violence, et finalement la communauté dans son intégralité.
« … Il garde la foi, il espère, il persévère. » 1 Co 13, 7
Nous, Églises de l’UNEPREF, affirmons que le positionnement ferme contre toute forme de violence est de notre responsabilité devant Dieu qui saura nous inspirer et nous donner sagesse et discernement.
Nous reconnaissons que la dissimulation et la minimisation des violences entravent la reconstruction et la guérison des personnes blessées, et ne favorisent pas le cheminement des personnes qui les ont commises vers la repentance.
Le processus de restauration nécessite un espace sécurisé que nous voulons contribuer à créer. Il sera favorisé par un environnement où règne la transparence et la vérité, par une juste reconnaissance des souffrances subies, dans le respect des besoins et du rythme de la victime.
Nous croyons que notre Dieu peut guérir les blessures, transformer le cœur des victimes et des auteurs, et redonner la vie par des moyens qui dépassent notre entendement.
Nous voulons chercher, avec l’aide de l’Esprit-Saint, à faire de nos Églises des lieux de repos et de restauration, des communautés qui entretiennent la communion fraternelle et permettent à chacune et à chacun d’y prendre place, alors même que des blessures existent.
Car nous croyons qu’en Jésus-Christ, Dieu permet à tous ceux qui se confient en lui de goûter dès aujourd’hui les joies de la vie éternelle, les prémices d’une vie libérée des effets de la violence et de la domination que certaines personnes exercent sur d’autres, une vie remplie par l’amour éternel de Dieu.

