
Table ronde du synode 2025 à Saint-Laurent-du-Pape
Ce fut un des temps forts de ce synode. Les pasteurs Joël Landes et Charles Berger, et le professeur Donald Cobb sont intervenus dans une table ronde intitulée : Et l’enfant devient disciple.
Comment sont-ils devenus disciples ?
Si nos trois intervenants ont, tous les trois, grandi dans un contexte chrétien, ils ne sont pas tous devenus des disciples de la même façon. Donald Cobb évoque deux événements qui l’ont marqué : tout d’abord le livre de D. Bonhoeffer, Vivre en disciple, le prix de la grâce, qu’il a lu au moment de son arrivée en France en 1985. Ensuite, le parcours chaotique de certains étudiants de la faculté Jean-Calvin l’a fait réfléchir. Il s’est demandé ce qui manquait à la formation de la faculté et il s’est également demandé s’il était lui-même un bon disciple. Donald se souvient aussi du décès de sa maman et de sa foi profonde mais silencieuse. Comme enfant, il se souvient de la volonté de son Église d’intégrer les enfants à toute la vie de l’Église. Joël Landes parle, quant à lui, de cette foi d’enfant qui n’a jamais été remise en cause, ni par ses parents ni par les adultes de l’Église. On le plaçait devant ses responsabilités et on l’accompagnait, mais il n’a pas senti de pression qui aurait pu l’inquiéter. Il avait sa place. Il insiste aussi pour dire qu’il a eu l’impression d’être un disciple déjà tout petit. Il l’était à 3 ans et il essaie de le rester aujourd’hui. Charles Berger nous a parlé des nombreuses Églises qu’il a fréquentées à la suite des nombreux déménagements de sa famille. Certaines Eglises voulaient faire de bons citoyens, d’autres des convertis et d’autres des disciples. Il a senti la différence. Il nous a rappelé que les enfants n’étaient pas l’Église de demain mais l’Église d’aujourd’hui. Ils doivent le savoir et le sentir.
Comment aident-ils les autres à devenir des disciples ?
Charles essaie de se mettre à la place des non-croyants et de voir quelles sont les priorités. Il sait qu’il faut prendre beaucoup de temps et avoir des entretiens répétés pour créer une relation avec eux et avec Jésus. Il sait aussi que chaque parcours est différent. Donald nous parle de la réflexion menée par la faculté Jean-Calvin et de la création d’un module sur le discipulat. Donald a aussi mis en place une formation de quinze séances sur le format d’une conversation à travers des sujets importants. Quant à la façon de faire de Jésus dans le Nouveau Testament, il nous rappelle l’exigence radicale de Jésus (qui exige que ceux qui veulent le suivre soient prêts à renoncer à tout), mais aussi sa grâce radicale, puisque Jésus a fait preuve, avec eux, d’une patience infinie. Joël Landes tire, quant à lui, trois leçons de son expérience de formateur jeunesse : il nous invite tout d’abord à nous souvenir que c’est l’assemblée tout entière qui a la charge de faire des disciples. Ce ne sont pas simplement les parents ou les responsables de l’école biblique. Joël nous invite aussi à faire confiance aux jeunes et à accepter qu’ils se trompent. C’est très important, du moment qu’ils reconnaissent leurs erreurs. La troisième leçon est un regret : celui que la formation des disciples soit devenue un ministère de spécialistes. Nous nous sommes appuyés sur le travail de Joël et d’Harriette et nous nous sommes inconsciemment désolidarisés de ce travail. Or, nous devons tous travailler ensemble !
Quelques conseils à l’UNEPREF pour conclure
Donald Cobb insiste sur l’analyse spirituelle qui doit précéder l’action. Nos Églises doivent se repentir de leurs fautes et prendre des décisions courageuses. Chaque conseil presbytéral et chaque membre doit prendre au sérieux cet appel à vivre réellement comme des disciples. « Nous ne sommes pas à nous-mêmes, nous sommes au Christ », écrivait souvent Calvin. Charles Berger insiste sur le besoin d’avoir des modèles. Les enfants ont notamment besoin de voir des parents et des adultes qui se repentent. Il faut d’autre part que les parents et les adultes se mettent à parler. Nous ne pouvons plus être des modèles silencieux comme l’ont parfois été certains de nos aînés. Joël évoque, très ému, le besoin de sécurité nécessaire pour devenir un disciple. Les enfants ont besoin de sécurité pour grandir et nous devons nous battre pour que nos Églises soient des endroits sûrs qui permettent aux enfants de devenir des disciples.